Journal d’écriture #3

Être au repos forcé est à la fois très frustrant (dieu que j’aimerais pouvoir randonner au soleil, faire du yoga, nager, accomplir des tâches dans mon jardin et ma maison…) et une bénédiction. Moi qui fourmille habituellement, je suis contrainte de prendre mon temps et de ralentir le rythme. Au lieu de m’éparpiller dans des dizaines d’activités passionnantes, je dois me concentrer sur un très petit nombre de choses : lire, écrire, dormir, et manger équilibré, entre autres. Le reste… eh bien, le reste n’est plus une priorité par rapport au bébé. N’est-ce pas ?

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(mon bureau au soleil, sur l’une des terrasses de la maison)

Je profite donc de ce temps qui m’est offert pour travailler sur mon projet de roman n°1, toujours le même, celui dont le titre provisoire était Les Sœurs Ponsard et qui, dernièrement, s’est mué en : Les racines sauvages (sur les conseils de ma petite communauté Instagram, et de mes proches).

Depuis hier, je travaille sur un chapitre qui manquait, celui d’une audition au Conservatoire de Paris. C’est intéressant de fouiller sur internet pour trouver des informations sur ce lieu, des photos pour m’aider dans les descriptions, et me projeter à la place de mes personnages dans cette journée de stress et d’escapade à la capitale.

les racines sauvages

(nouveau titre, et un essai de couverture, provisoire, pour mon projet de fiction. Première de couverture réalisée gratuitement sur le site Canva)

Depuis que j’écris ce roman, je vous l’ai déjà dit, je ne lis plus les autres livres de la même façon. C’est-à-dire, je ne suis plus une lectrice innocente qui se laisse emporter sans s’arrêter. Je suis plus alerte, j’ai des filtres de lecture qui m’aident pour mon travail d’écriture (mais qui malheureusement brisent un peu la magie du voyage total dans un récit envoûtant…).
Grâce à l’un de ces filtres, j’ai remarqué que mon intrigue restait trop au même endroit. Mes personnages ne sortaient pas de leur petite ville douillette, et d’un périmètre bien défini entre la maison, leurs lieux de travail ou d’études, et le centre du bourg et ses commerces.
Or, en lisant d’autres romans donc, je me suis aperçue que certes j’aimais beaucoup ce côté « ancrage marqué dans un lieu de référence », qui me rassure et m’attache aux personnages et au livre en général, mais uniquement dans la mesure où, à un moment donné, intervenait un éloignement temporaire des personnages par rapport à ce lieu : un voyage, un départ brusque, un bannissement même. Pour illustrer cela, je peux tout simplement vous parler du dernier livre que j’ai terminé, un polar suédois d’Henning Mankell : L’homme inquiet.
L’une des choses qui m’a le plus plu dans ce roman, c’est le lieu et la saison. C’est-à-dire, l’ancrage spatio-temporel du récit. Wallander, l’enquêteur, est un sexagénaire qui vit seul avec son chien dans une ferme très isolée en Suède, entre mer et champs. L’auteur insiste beaucoup sur le lieu, sur la solitude et la douce mélancolie qu’inspire le paysage. Pendant ma lecture, je ressentais le vent océanique, la brise marine, j’entendais l’air souffler entre les épis de blé et les herbes sauvages. J’accompagnais Wallander dans ses longues promenades et ses errances mentales. L’intrigue avait lieu en été, les orages et les chaleurs étaient convoqués au fil des pages, tout comme les siestes sur la balancelle, les petits-déjeuners dehors sur la terrasse, les nuits chaudes et lourdes… Bref, autant d’éléments qui m’ont conquise et attachée au roman, au personnage principal, au lieu. Mais durant cet été d’enquête, Wallander est aussi amené à faire beaucoup de déplacements courts, à divers endroits autour de son terrier : Stockholm, Copenhague, Berlin, une ville où il a grandi ou encore d’autres petites villes proches de la sienne… Et c’est à chaque fois le même exotisme du départ et de l’inconnu, et le même soulagement du retour à la ferme isolée, que j’ai ressentis. Partir pour mieux revenir, partir pour mieux ressentir ? …

On peut aussi penser à tout un tas d’autres romans, plus connus encore, et qui parleront à tout le monde ou presque : prenons l’exemple d’Harry Potter. Je ne sais pas vous, mais moi j’adore être à Poudlard avec les héros d’HP, encore plus après l’une de leurs escapades à Londres, un passage dans Diagon Alley, un rendez-vous au Ministère de la Magie, une sortie nocturne dans la Forêt Interdite, après une excursion à Pré-au-Lard ou encore au retour des éprouvantes grandes vacances chez les Dursley. Je sens bien que le plaisir de me sentir à Poudlard est décuplé par le fait d’en avoir été éloignée temporairement. Vous voyez ce que je veux dire ?

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(Malham Cove, que nous avons visité en avril dans le Yorkshire : l’un des (magnifiques) endroits où Harry Potter, Hermione et Ron se rendent dans le tome 7 de leurs aventures, alors qu’ils essaient d’échapper aux Mangemorts qui débarquent chez les Weasley)

Ce n’est pas la première fois que je prends conscience de ce sentiment de lectrice, et cela m’a fait réflechir à mon propre récit. Mes personnages s’éloignaient-ils assez d’Aiguevieille, leur petite bourgade paisible, pour qu’on prenne encore plus de plaisir à y revenir avec eux ?
Non, et il me fallait y remédier. En plus, ces nouveaux chapitres à intercaler me permettent d’étoffer un personnage trop secondaire, Hortense, la benjamine des trois sœurs, et de lever le voile sur un aspect trop peu abordé de l’histoire de leur famille.

Voilà donc où en est mon travail actuellement. Je glisse dans mon manuscrit de nouveaux chapitres pour apporter une touche d’exotisme à mon ancrage spatial, pour rendre l’un de mes personnages moins anecdotique, et pour apporter une réponse que je ne pensais pas donner en premier lieu, concernant le mystère du père trop absent.

Je suis vraiment heureuse de m’être lancée pour de bon dans l’écriture, car cela m’apprend beaucoup, et pas seulement lors des phases d’écriture proprement dites, mais aussi lors de moments de lecture, lesquels ne sont plus aussi insouciants qu’auparavant, mais le fait qu’ils soient si riches d’enseignement compense largement cette perte d’innocence à mes yeux.

Ressentez-vous ce besoin d’ancrage spatio-temporel en tant que lectrice/lecteur, vous ?

Et concernant mon projet d’histoire, n’hésitez pas à me donner votre avis sur ce nouveau titre !

 

NB : les photos de ce billet sont personnelles et non libres de droits. Merci de ne pas les utiliser sans mon autorisation.

Journal d’écriture #2

marelleLe mois dernier, j’ai lu pour la première fois un roman de Samantha Bailly. J’aime bien les vidéos que propose cette jeune auteure sur Youtube, ainsi que les podcasts dans lesquels elle intervient. Je la trouve toujours claire et pertinente, ses propos sont d’une pédagogie exemplaire, et me donnent toujours très envie de me (re)plonger dans l’écriture. Lorsque je l’écoute, ma motivation se réveille, tout devient limpide dans mon esprit, et je me remets à travailler avec passion et confiance. Inspirante, donc.
Puisque j’apprécie la personne, je trouvais ça normal de vouloir découvrir l’un de ses romans. Même si, je l’avoue, je me méfiais un peu de ses couvertures et titres très « chick-litt » ou, tout du moins, un peu trop dans l’air du temps (à mon goût). Mais mon goût est modelable, fluctuant, en constante évolution. Alors je me suis dit : pourquoi pas, peut-être que son éditeur n’a pas été très inspiré côté « emballage » (titre et couverture, donc) mais cela n’augure pas forcément un contenu de qualité équivalente…

samantha bailly
le site de Samantha Bailly, où retrouver ses vidéos

Si je veux être tout à fait honnête avec vous, je dois donc vous dire : j’aurais dû suivre mon instinct.
J’ai été un peu déçue de ma lecture.
Samantha Bailly est descendue du piédestal sur lequel je l’avais hissée.
Note : Cela n’enlève rien au fait que le travail de la jeune femme concernant les droits des auteurs-illustrateurs, et ses tutoriels toujours bienveillants et positifs, sont admirables. Humainement, je l’apprécie beaucoup et prends toujours du plaisir à l’écouter et à apprendre auprès d’elle. Pour ce qui suit, je ne parlerai donc que de sa facette d’auteure, sans remettre en question ses qualités dans tout un tas d’autres domaines. Ça tombe sous le sens mais je préfère le préciser.
Après lecture de son roman, qui est le dixième ou vingtième qu’elle publie à trente ans à peine (excusez du peu !), je me suis dit qu’on pouvait être une excellente pédagogue et professeure d’écriture, qu’on pouvait détenir un savoir immense sur la narratologie, les concepts de passion et des notions fines de psychologie humaine, qu’on pouvait parler avec éloquence et intelligemment, sans pour autant être une bonne écrivaine. C’est un avis personnel, et un peu dur, je sais. Mais j’ai vraiment du mal à comprendre les choix de certains éditeurs qui n’encouragent ni la qualité, ni l’originalité, et qui privilégient des produits mainstream en quantité. Non, lire Marelle ne m’a pas bouleversée, pourtant en tant qu’auteure amateure j’aimerais soutenir les (jeunes) écrivains français dont je suis contemporaine, mais rien à faire, je ne saurai sans doute jamais manier la langue de bois…
Pourquoi parler de ce roman là, aujourd’hui ? Car, régulièrement, lorsque je lis un livre qui ne m’emballe pas assez pour que je fasse abstraction de ses défauts (ceux que mon filtre de lectrice détectent, et qui n’en seront peut-être pas aux yeux d’autres lecteurs, bien sûr), mentalement je liste tous les écueils dans lesquels tombe le bouquin en question, et les ajoute à ma liste d’erreurs à éviter. C’est un exercice très enrichissant, car la plupart du temps il me permet de mettre en lumière mes propres défauts d’écriture. Par exemple, pour en revenir à Samantha Bailly ; au fil de ses vidéos, on comprend que cette jeune femme, qui écrit depuis des années et des années, n’a aucune problème à produire des histoires et à enchainer les romans. Elle le dit elle-même, elle écrit beaucoup, avec une certaine facilité. En lisant son livre, j’ai remarqué un grand nombre de tournures « toutes faites » qui émaillaient le récit. Et ça m’a gênée, je ne pouvais pas m’empêcher de les relever. Elles étaient, à mon sens, un défaut d’écriture typique de l’écrivain qui lit énormément et produit énormément. Pour moi, cela faisait sens : le processus est fluide chez Samantha Bailly, mais sans doute parce-qu’il résulte d’une longue digestion de tout un tas d’œuvres. Alors oui, il y a du grain à moudre, beaucoup, mais sans gage de qualité. J’ai trouvé les idées pauvres et l’écriture simple.

Et c’est là que j’ai réalisé que…

… j’écrivais comme ça moi aussi, avec facilité, de manière fluide et continue, sans page blanche, sans longue gestation. Et probablement, en utilisant des tonnes de tournures toutes faites que je ne relève même plus dans ma façon d’écrire !
Parfois, on se leurre et on croit que c’est là que réside le talent : dans l’inspiration, l’enthousiasme (au sens antique de « souffle divin », d’élan inspiré par les dieux), le truc qui vient tout seul et semble couler de source.
En réalité, écrire beaucoup et facilement ne doit pas exclure le travail de réécriture, de polissage qui suivra. Et ce dernier sera d’autant plus difficile qu’il y aura beaucoup a corriger, et que ces phrases, belles et toutes faites, ne sautent pas toujours aux yeux lors de la relecture.
C’est grâce à la prise de distance de ma lecture de Marelle que j’ai pu chausser mes lunettes spéciales « tournures de phrases bateaux, trop lues et témoignant d’une pauvreté poétique du langage’ (oui, classe hein, les lunettes ?!) et passer mon propre texte au peigne fin pour en éliminer ces malvenues.

Voici deux ou trois exemples piochés rapidement dans les premières pages de Marelle, sans doute pas les plus parlants, mais bon, ils feront l’affaire :
 » Elle se tourne vers le miroir (…), passe son baume sur ses lèvres d’un geste expert. Sa main se glisse dans son sac à main griffé (…) »
 » Sa personnalité pétrie de contradictions… (…) je descends les marches d’un pas mal assuré (…) Nam me dévisage avec curiosité (…) »
Pour moi, toutes ces tournures de phrases sont tellement rebattues, dommage car on pourrait dire la même chose de mille autres façons, plus personnelles, plus poétiques, vous ne trouvez pas ?

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(un cottage pris en photo lors de notre voyage dans le Yorkshire, ou ce qui se rapproche le plus du lieu inspirant pour moi. Dans mon esprit, une retraite d’écrivain se ferait idéalement ici, non ?…)

Depuis que j’écris « au grand jour », c’est-à-dire depuis que j’en parle autour de moi et que je n’en ai plus honte (je ferai un billet là-dessus, un jour, promis), depuis que mes proches lisent mes nouvelles ou mes ébauches de romans (mais toujours pas mon blog ^-^), mon attitude de lectrice a changé de manière paradoxale : à la fois, je sens qu’être passée de l’autre côté du miroir me fait prendre conscience de beaucoup plus de choses dans les textes que je lis (j’analyse plus facilement le schéma narratif, les personnages stéréotypes, les enchaînements de dialogues, les éléments qu’on ajoute par besoin pour faire avancer l’intrigue… etc…) et à la fois, maintenant que j’ai vécu la difficulté du processus d’écriture, que je sais comme le moindre texte qui peut paraître d’une banalité navrante peut être coûteux en efforts, en temps, en remise en question humaine, je me sens moins légitime à être trop critique envers quelque production littéraire que ce soit.
En gros : mes propos d’aujourd’hui sur Marelle me sont difficiles à assumer, car je me dis que moi-même, en tant qu’apprentie auteure, je ne serai sans doute pas capable de faire aussi bien.
Mais alors quoi ?
Faut-il être condescendant car on ne serait pas capable d’en faire autant ?
Si c’était le cas, un novice en dessin (ou tout simplement : un enfant ) ne pourrait pas donner d’avis négatif sur une œuvre d’art, ou un mélomane qui n’aurait jamais appris le solfège serait privé d’émettre une critique sur une musique qui ne lui plairait pas…? Non, bien sûr, et c’est ce que je me dis pour me rassurer. Lorsque je donne un avis si tranché sur Samantha Bailly, ce n’est ni personnel, ni en tant qu’auteure amateure, mais juste depuis mon humble position de lectrice passionnée (et, astrologiquement parlant, de taureau impulsif qui n’a pas la langue dans sa poche, mais ça aussi, c’est un autre problème ^-^…)

Je sais que je suis une lectrice dure, et très exigeante, j’espère que cela ne vous choque pas. J’imagine que c’est de ça que je parlais lorsque je disais que mes billets « Journal d’écriture » seraient plus intimes que les autres articles du blog. Je ne peux pas édulcorer mon avis, pas sur ce sujet, pas si je veux être la plus honnête possible vis-à-vis de mon avancée dans le processus d’écriture. Sinon, tout cela, les articles, le journal, ne rimerait à rien.

Voici donc mon second « journal d’écriture », transparent mais pas trop virulent je l’espère. S’il vous plait, dites-moi sincèrement ce que vous, vous pensez de tout ça ? Êtes-vous, vous aussi, des juges intransigeants lorsque vous lisez ? Ou, plus compréhensif/ve, cherchez-vous à adoucir votre avis, à trouver autant de qualités que de défauts car vous mesurez l’ampleur du travail nécessaire à l’aboutissement d’un texte.
Si vous écrivez, vous trouvez-vous plus indulgent(e) en tant que lecteur/trice ? Ou au contraire, plus exigeant(e) ?

À très bientôt.

Journal d’écriture #1

Lorsqu’on s’intéresse à la vie des auteurs on réalise que la plupart tenaient un journal d’écriture. Grâce à ces écrits parallèles, on peut en apprendre plus sur l’œuvre et sur l’état d’esprit de l’auteur lors du processus d’écriture, c’est parfois fascinant de voir les mécanismes laborieux et les tergiversations de l’esprit créatif. Le journal d’écriture apporte aussi un éclairage sur le contexte social, historique, durant lequel a eu lieu l’acte d’écrire. J’ai notamment beaucoup aimé découvrir des extraits du journal de Virginia Woolf, qui sont, à mes yeux, aussi indispensables que ses romans et ses essais. Il faut dire que la vie de V.W. n’était pas un long fleuve tranquille et qu’elle méritait d’être traitée en chapitres avec autant de soin que s’il s’était agi de celle d’un personnage de fiction.

ecrire dehors
source

Cela fait longtemps que j’y pense. J’ai envie d’inaugurer une nouvelle rubrique ici. J’imagine que les billets qui y figureront seront plus intimes que d’autres où je parle de décoration de maison ou d’éducation… Peut-être aussi qu’ils n’auront qu’un intérêt minime puisqu’ils traiteront d’écrits en cours, de personnages qui n’existent encore que pour moi, de questionnements sans doute habituels quand on écrit mais pas universels non plus. Je me demande, est-ce que ce genre de billet aurait vraiment sa place ici ? Est-ce qu’ils pourraient intéresser les lecteurs et lectrices du blog ? Est-ce qu’ils ne paraîtront pas trop prétentieux, ou ne témoigneront-ils pas de ma trop grande inexpérience en la matière ?
Et puis, toutes ces questions, j’ai préféré les mettre de côté, et foncer. Ce blog est un fourre-tout, et c’est son éclectisme qui m’a sans doute encouragée à continuer à y écrire. S’il avait été trop spécialisé, trop mode ou trop beauté ou trop healthy ou je ne sais quoi, il y a sûrement longtemps que j’aurais cessé d’y écrire. Je ne me sens à l’aise ni avec les étiquettes ni avec les contraintes ; la liberté de cet espace m’a toujours plu et ramenée à lui. Alors un journal d’écriture, pourquoi pas ? Cela me permettra de garder une trace de ces années d’écriture, pour plus tard, et je les relirai sans doute avec plaisir et nostalgie. De plus, partager avec vous mes questionnements et mes doutes, vous demander conseil, m’aidera peut-être à dépasser certains obstacles dans l’écriture, ou à prendre du recul sur des blocages dans le processus de création ? Je l’espère en tous cas.

Voici donc un premier journal d’écriture.

Ces derniers jours, j’ai repris la correction de Roman n°1, dont le titre provisoire est Les sœurs Ponsard. Il y a 290 pages Word, une soixantaine de chapitres. C’est long. J’avais fait une première révision l’année dernière, après l’avoir terminé en janvier-février. Puis, je l’ai donné à lire à des (adorables ) bêta-lecteurs afin d’avoir un autre regard et de prendre un peu de distance sur mon bébé. Parce-que c’est dur, d’avoir du recul sur ce qu’on a écrit. Parfois, on trouve que tout est génial et indispensable, d’autres fois (le plus souvent), que tout est nul et on a envie de supprimer une page sur deux.
J’ai laissé mon manuscrit reposer pendant un an, j’ai écrit d’autres choses, commencé Roman n°2, participé au concours annuel de nouvelles de l’Éveil Plumes. Et puis, il y a un mois, j’ai enfin trouvé le courage de donner mon manuscrit à mon collègue, celui qui est écrivain. J’étais gênée, honteuse, embarrassée, mais aussi, paradoxalement, excitée et contente de lui soumettre mon projet, d’avoir son avis et de bénéficier de son expérience. Il l’a lu en une semaine, puis on s’est retrouvés dans un café et on a fait le point. C’était extrêmement intéressant d’entendre ses conseils, ses questions, ses suppositions sur tel ou tel personnage. On a parlé des personnages comme s’il s’agissait de personnes réelles, qu’on connaissait tous les deux. C’était fabuleux de les voir vivre ainsi, de négocier leur destin, d’analyser leurs arrières-pensées, de fouiller leur passé. Tels deux Parques, on a tiré certaines ficelles et coupé, dénoué, raccourci ou allongé certaines autres. Cet échange m’a permis de voir ce qui manquait dans mon récit. On s’est aussi beaucoup interrogés sur le titre, mais pour l’instant je n’ai rien de probant, pas d’étincelles. Je cherche encore.

J’ai compulsé ce retour, ainsi que ceux de mes bêta-lecteurs, tous très instructifs, avec mes propres notes. J’y vois à présent plus clair : il y a des choses à enlever dans ce manuscrit, et d’autres à retravailler, à fouiller davantage. Le personnage d’Hortense, la benjamine de la famille, n’existe pas assez. J’ai commencé à lui écrire des chapitres dédiés, que j’intercale parmi ceux déjà existants qui concernent plutôt ses sœurs. Le père est trop absent, c’est volontaire, mais je ne donne pas une explication probante à cette remarquable absence, il me faut la trouver (et je crois que ça y est, j’ai enfin une idée à ce sujet).
Il y a aussi des intrigues secondaires qui alourdissent le récit et que j’envisage de supprimer, même si cela implique un gros remaniement d’autres chapitres (l’histoire d’Angelo faisant de la concurrence à l’hôtel Gautier, au fond, ça a peu d’importance. Il va juste falloir que je trouve une autre façon d’amener la bagarre entre le fils Gautier et R. Bergmann, c’est tout… La question est : vais-je malgré tout garder les personnages d’Angelo, de Beryl Gautier, de son fils, en toile de fond ? Je n’en sais rien, encore…).

(mes essais de couvertures et de titres, quand j’ai envie de procrastiner plutôt que de corriger efficacement…)

C’est agréable de retravailler encore et encore Les sœurs Ponsard, car j’ai l’impression que Paula, Ellie et Hortense sont devenues, avec le temps, des amies que j’aime retrouver. Mais les beaux jours arrivent, et ils signent le moment où je dois retourner à mon second projet, Wanaka Blues, dont l’action prend place en Nouvelle-Zélande. Pourquoi cette contrainte temporelle ? Car j’ai du mal à écrire un récit dans une saison donnée si je ne vis pas, en même temps, cette même saison °-°  …
Wanaka Blues se passe en été (enfin, notre hiver, soit la belle saison en Nouvelle-Zélande) et ma fenêtre d’écriture est donc réduite, correspondante à cinq à six mois dans l’année afin que je sois en accord avec l’ambiance et l’humeur de mon récit. On ne se moque pas, chacun ses lubies ! ^-^ Je dois avouer que j’ai hâte de retrouver ce projet, en hibernation depuis un bon moment maintenant. Je vous en donnerai des nouvelles ici.

Voilà pour ce premier aparté d’écriture. Je file me remettre au travail. Pour résumer, mes objectifs actuels sont : augmenter la densité du personnage d’Hortense, éliminer les intrigues superflues, et traquer une phrase qui pourrait devenir le titre du roman.

Je peux donc clore ce premier chapitre de mon journal d’écriture. J’espère que ça n’était pas trop ennuyant à lire. N’hésitez pas à me donner votre avis, vos conseils, sur tout ce qui vous passe par la tête, c’est toujours un régal de lire vos commentaires.
À bientôt.

♥ Ce que j’écoute en écrivant Les sœurs Ponsard
la BO de Becoming Jane et celle de Pride and Prejudice de Joe Wright.