Les jouets #1

Avoir des enfants émotionnellement sains dans l’Occident d’aujourd’hui implique de faire des choix face à l’économie de consommation.

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Aujourd’hui j’aimerais écrire à propos d’un sujet qui me semble important : la consommation. Mais en focalisant le propos (car sinon on en a pour des pages et des pages !) à l’un des pôles de consommation dans une famille : l’enfant.

Si vous n’êtes pas maman/papa, ne partez pas ! C’est une discussion plus générale sur notre société que cristallise ce sujet qui semble restreint. On peut dire beaucoup en ne parlant que des jouets d’un enfant. Si si.

CONSTAT

Il y a peu, Little rentrait d’un week-end à Paris chez ses cousines, un petit séjour de deux jours avec son papa. Robinson, lorsqu’il est entré dans la chambre de Little pour y vider sa valise et ranger ses vêtements, a eu un moment d’arrêt et a observé autour de lui. Puis il m’a dit : Ok, tu as raison. Little n’a vraiment pas beaucoup de jouets comparé aux autres enfants.

Nos nièces, les deux cousines de Little donc, vivent à Paris, dans un appartement.
Rempli de jouets.
Elles ont des Playmobils, des Barbies, des poupées Corolles, des Legos Friends, des tablettes, tous les DVD Disney, des peluches, une collection de chevaux et des dragons Schleich, des déguisements, des mallettes de coloriage, de bricolage, une cuisine, de la dînette, une marchande, et j’en passe…

Leur chambre, qu’elles partagent, est peine à craquer, les murs sont remplis de boîtes et de tiroirs pleins, le salon et les autres pièces sont envahis.

Bref, ce sont des enfants de 5 et 8 ans comme beaucoup d’autres, d’après ce que je peux voir.
Notre petit voisin, le meilleur copain de Little, a une chambre pleine de jouets en plastique lui aussi. Des trucs Cars et Planes (-> franchise Disney), des garages de voitures, des caisses de petites voitures, plein de DVD, et… un quad ! Un vrai quad. À MOTEUR.
Mais bon, ça c’est encore à part, laissons-le de côté.

Chez un autre copain de Little, la chambre est remplie de Playmobils. Il a tous les univers Playmo : dragons, city, animaux, pirates, chevaliers… La chambre reste belle et rangée car sa maman agence les jouets sur un tapis central, elle créé des petites scènes qui donnent envie de venir s’asseoir et de jouer. On sent, dans cette famille, qu’il y a une consommation plus réfléchie, si ce n’est réfrénée.

Voici donc quelques exemples mais je pourrais vous en citer des dizaines : des enfants de cousins, des élèves de mes classes, des connaissances ou des amis… J’en vu des chambres qui ressemblaient à des Toys’r’us, et ça m’a fait peur.

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IDÉAUX

Lorsqu’on a décidé d’avoir un enfant, avec Robinson, j’avais des principes assez arrêtés sur l’éducation : je désirais l’élever dans une pédagogie douce, bienveillante, lente et slow-consommation. Je ne rêvais que de jouets en bois, de vêtements cousus-main, tricotés-main, seconde-main, de vieux meubles vintage chinés et retapés, puis d’un bambin qui s’extasierait sur pas grand-chose, quelques bâtons, des cailloux, un peu de sable et des étoffes de tissus.

La réalité, comme souvent, a été un peu différente.

Les jouets en bois sont très très lourds. Little a fracassé le parquet massif de notre ancien appartement, et s’est blessé à plusieurs reprises (et nous a blessés, aussi. Se prendre une grosse locomotive en bois massif sur le pied, ça fait mal…).
Un enfant sera forcément plus attiré par le truc qui clignote en faisant du bruit et de la musique que par les pommes de pin qu’on a ramassées dans la forêt. Surtout si, dans un foyer, l’objet technologique et lumineux est rare tandis que les éléments naturels sont monnaie courante. Forcément.
Les proches ont voulu gâter notre fils et on s’est retrouvés avec un tas de jouets en plastique hyper colorés, bruyants, à pile, moches, pseudo-éducatifs, hypra-stimulants et excitants. Sauf que, ce sont des cadeaux, alors que faire ? Les jeter, les donner, les cacher sous le canapé … ?
J’ai essayé d’expliquer notre vision des choses à nos proches, de faire des listes d’idées-cadeaux pour Noël ou les anniversaires. Et puis, les gens nous connaissent, ils savent que nous ne sommes pas de gros consommateurs, qu’on fait partie de cette espèce de bobos écolos très répandues qui aime les matières naturelles, brutes, les choses simples (et hors de prix malheureusement…). 😉 Mais malgré tout, on a continué de nous offrir des jouets en plastique multi-usages sans intérêt.

(aparté : je n’écris pas cela pour critiquer et dénigrer, j’essaie juste de faire un état des lieux concis).

 

NOTRE EXPÉRIENCE AU BOUT DE 4 ANS AVEC LITTLE

Après quatre ans passés à vivre auprès d’un tout-petit, j’ai l’impression d’y voir un peu plus clair en ce qui concerne les besoins et les réels intérêts d’un enfant. Moi-même, malgré mes principes et mes idéaux, j’ai évidemment fait des erreurs, des achats idiots, j’ai consommé inutilement en pensant que mon fils avait besoin de ci ou de ça pour se développer, que ceci ou cela lui plairait et l’éveillerait, etc…
Je me dis que ce billet pourra éventuellement aider d’autres parents (ou proches ?) à évaluer les choses réellement utiles et les achats pertinents pour le développement d’un enfant. Car, concrètement, si on se soucie un tant soit peu de l’environnement et de la planète, et qu’on a envie d’avoir un rôle utile dans l’éducation d’un enfant (que ce soit le nôtre ou un neveu, un cousin, un enfant d’ami…), alors il faut prendre en considération ces deux critères avant d’acheter/d’offrir un jouet à un petit. Ce n’est pas parce-qu’il s’agit d’un cadeau qu’il faut renier ses valeurs et ses principes, non ?

En tous cas, c’est la conclusion à laquelle je suis arrivée. Je n’ai plus envie de faire des cadeaux pour faire des cadeaux, d’acheter des trucs parce-que « c’est de son âge », « c’est rigolo ça fait de la musique », « toutes ces lumières il va adorer! », « c’est moins cher qu’un jeu Grimm’s en bois »… etc… Pour illustrer avec un dernier exemple, je vous parlerai d’une cousine et de son mari, qui, depuis que Little est né, le gâtent exagérément (mais c’est très mignon je trouve). Le hic, c’est qu’ils achètent énormément de choses inutiles, de trucs en plastique, des jouets qu’on utilise très très peu et qui se retrouvent vite abandonnés. Des boules en plastique pour faire une piscine à balles par exemple (jamais utilisées). Des voiture qui clignotent et chantent. Un énorme camion de chantier, qui traine dans le garage. Plusieurs peluches. Par contre, une fois, à Noël, ils ont offert un train en bois. Et ça, c’était super, on y joue encore alors que c’était un cadeau de 2016 je crois. De notre côté, j’ai bien conscience qu’on gâte moins notre petit-cousin (leur fils, donc), né il y a peu. À Noël, je n’ai acheté que deux cadeaux pour lui, mais j’ai choisi la marque Vilac, des jouets en bois, bien solides (des instruments de musique, et un toboggan à billes, un grand classique pour les moins de 18 mois). J’ai essayé d’y réflechir à l’avance, de me demander de quoi ils avaient besoin, quel jeu serait adapté pour le petit de quelques mois, et serait utilisé longtemps. Quel jouet serait assez résistant aussi pour être utilisé par un deuxième, un troisième enfant plus tard.

Je ne dis pas que je fais mieux. Mais j’essaie de raisonner ma consommation et de penser mes achats, même lorsqu’il s’agit de cadeaux (et surtout s’il s’agit d’enfants).

Gâter un enfant, c’est chouette, c’est adorable et généreux, mais ce n’est pas forcément un service qu’on lui rend. Si le jouet n’a pas de valeur, qu’il est fragile, multi-usages, trop limité dans le temps, etc… il rejoindra la pile des jouets sans valeur, et l’enseignement que l’enfant risque de tirer de tout ça, c’est : les choses sont accumulables mais je ne les investis pas, elles n’ont pas de valeur. Il peut rapidement appliquer cette façon de penser, de consommer, de jeter, à l’ensemble de sa vie.
Mais aujourd’hui, on sait bien à quel point c’est important d’enseigner la durabilité à nos enfants, la consommation responsable, l’anti-gaspillage.

Alors en offrant un jouet « jetable », quel est le message qu’on transmet à nos enfants?

Pour un enfant, une montagne de jouets, c’est une carte topographique de sa vision du monde en émergence. « Il y en a tant qu’aucun d’entre eux n’a de valeur. Il me faut autre chose ! » L’enfant à qui l’on propose autant de choix apprend à les dévaloriser tous, et se réserve toujours pour autre chose d’attirant qu’il ne possède pas.

 

CONSEILS POUR LES ANNIVERSAIRES, NOËL…

En tant que parents qui les aiment (nos enfants), nous sommes en mesure d’aider nos enfants en limitant leurs choix.

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Concernant les cadeaux des proches, on ne peut rien faire d’autre que continuer à discuter de nos convictions, faire des listes et espérer qu’ils adhèrent à nos propos. D’un autre côté, nous persistons à ne pas faire de cadeaux inutiles, à ne pas « acheter pour acheter » et à essayer de coller à nos principes lorsque nous offrons un jouet à l’enfant d’un proche.

Pour l’anniversaire d’un copain de Little, plutôt que d’acheter un petit bidule qui aurait sans doute fini par traîner dans un coin de sa chambre, on a offert un bon-cadeau pour un atelier de construction de Kaplas à Lyon. On était très contents d’allier l’utile au dématérialisé. Et la maman du petit garçon était ravie.
À un autre anniversaire, j’ai envoyé un message à la maman pour savoir ce qui pouvait plaire à son fils, en lui proposant une liste d’idées que j’avais. Des puzzles, des jeux de société, des livres ? Je n’ai pas demandé « est-ce qu’il veut des voitures, des Legos…? » car je me doutais qu’il en avait déjà des tonnes. Lorsqu’on est arrivés dans leur maison, effectivement, on a constaté que la caisse de petites voitures débordait, et que le petit garçon ne manquait de rien (surtout qu’il avait récupéré les jeux de ses ainés). La maman de l’enfant m’avait dit : un livre, oui, pourquoi pas. Joie pour moi qui adore offrir des bouquins. J’ai sorti ma casquette de maitresse d’école, réfléchi aux albums qui plaisent le plus à cet âge là (4, 5 ans), et on lui a acheté Les trois brigands, de Tomi Ungerer (un graaaand classique, et un des auteurs jeunesse les plus connus et les plus géniaux. On l’adore ici…). J’avais peur que le petit garçon ait déjà cet album, mais ça c’est ma déformation de prof. En réalité, les albums jeunesse qu’on considère nous comme des grands classiques sont très étonnement, très souvent méconnus des familles. Mais bref, ceci est un autre débat.
Je ne suis pas restée pour assister à l’anniversaire et n’ai donc pas vu le déballage des cadeaux, mais la maman m’en a reparlé à la fin de la fête (elle l’avait lu à tous les petits invités et ils avaient été captivés), puis m’a même envoyé un sms pour me dire que son fils adorait et qu’elle devait lui lire tous les jours plusieurs fois par jour ! Un autre copain qui était là ce jour-là et dont je connais bien la maman (c’est donc elle qui m’a raconté ce qui suit), a demandé à ses parents de lui acheter « Les trois brigands comme le cadeau que Little a offert à G*****  » …  Apparemment, ce cadeau a été apprécié par tout le monde et remarqué par les autres enfants. Autant vous dire que j’étais  HY-PER-CON-TENTE !

LA CHAMBRE DE LITTLE

L’attention que l’enfant accorde à chaque jouet est réduite, rognée par la surabondance.

Concernant Little à présent : nous épurons très régulièrement sa chambre et lui offrons très peu de jouets.

J’ai réservé un placard de notre sous-sol pour ranger les jeux « off », c’est-à-dire que nous faisons une rotation des jeux afin qu’il n’y en ait que très peu de sortis en même temps. Concrètement, si Little a 10 jouets adaptés à ses 4 ans par exemple, nous en sortons 4 (répartis entre sa chambre et le séjour) et les 6 autres restent rangés dans le placard, que je surnomme « la ludothèque ». Régulièrement, je change les jeux, je range les 4 qui étaient sortis, en sors 4 autres, etc… Cela permet à Little de ne pas se lasser, et ne pas s’éparpiller en ayant trop de choix. Il peut ainsi se concentrer sur un petit nombre de jouets, et les investir à fond. Et il est toujours content de retrouver les jeux qui étaient rangés pendant quelques semaines dans la ludothèque et qu’il a eu le temps d’oublier.
Je fais la même chose avec sa bibliothèque. Je dois avouer qu’il a un nombre indécent de livres, j’ai donc consacré une étagère de la grande bibliothèque du sous-sol aux ouvrages « jeunesse » et régulièrement je. vais piocher quelques livres que je remonte au séjour, là où Little a une petite bibliothèque pour le quotidien. On y met aussi les livres empruntés à la médiathèque, ce qui nous permet d’avoir un changement très régulier de livres tout en évitant le débordement. Quand il y a une trop grande quantité de jouets ou de livres, l’enfant ne les voit même plus, comme nous lorsque notre dressing est plein à craquer et qu’on ne sait même plus ce qu’on possède alors on finit toujours par porter la même chose.

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LES CADEAUX DE LITTLE

Comme je le disais, on achète peu de jouets, de cadeaux à notre fils. On a compris que le couvrir d’objets n’avait aucun rapport avec le fait de l’aimer très fort. Depuis qu’il est né, j’ai pris l’habitude de lire des blogs, des articles concernant les besoins, le développement, etc, à différents âges. Je m’inspire toujours, bien sûr, des courants pédagogiques qui me parlent : Montessori, Freinet, Steiner, Waldorf. Avec une pincée de Céline Alvarez.
Une grande quantité de blogs existe sur le sujet. J’aime particulièrement celui de Merci qui, merci Montessori, extrêmement riches en conseils de lectures, de jouets, d’ateliers, d’activités dans la nature, mais aussi celui de Jackie et Cie, une maman qui fait l’école à la maison (IEF) et propose des activités simples et inspirantes avec ses enfants, d’Eve Herrmann, que j’adore, qui a une approche artistique et littéraire absolument passionnante (IEF aussi), d’Add fun and mix, maman de trois enfants IEF qui font des tonnes d’activités culturelles, plastiques, scientifiques, audiovisuelles, et qui est une mine d’idées, et de 2 louveteaux homeschoolers, enfin, qui propose pas mal d’activités en mode Montessori, Waldorf… donc plutôt pédagogiques.
Au fil des mois puis des années, j’ai créé des tableaux Pinterest pour centraliser les différentes idées de cadeaux, de jouets que je pensais utiles pour Little. Certains ont fini par être achetés, ou offerts à Noël ou aux anniversaires lorsque nos listes étaient prises en compte ^-^, d’autres sont restés des souhaits et c’est bien comme ça. Ces listes me sont très utiles aussi pour piocher des idées de cadeaux pour nos proches, pour des enfants d’un âge différent de celui de Little. J’ai catégorisé les tableaux par tranche d’âge, ce qui me permet d’avoir une vue d’ensemble pratique et efficace.

Avec l’expérience, après avoir catégoriquement refusé les jouets en plastique, puis avoir cédé par facilité en me disant que ça ne pouvait pas être si inutile que ça, avant de revenir à une conception épurée des besoins des enfants, en croisant ces constats avec mes lectures, ainsi qu’avec la visite d’autres chambres d’enfants, je peux aujourd’hui vous faire une liste des jouets et jeux qu’un enfant devrait avoir, et qui devrait se limiter à ce petit nombre d’items. Ce sont des suggestions, et cela reflète ce qui a intéressé et plu à Little dans sa petite enfance, mais je suis sûre que cette liste a un petit côté universel, et que chaque enfant peut être très heureux avec ces jouets, uniquement.
Rendez-vous dans l’article suivant pour découvrir la liste des indispensables pour un enfant jusqu’à 4 ou 5 ans (voire plus).

 

NB : toutes les citations sont extraites du fabuleux ouvrage Parents, tout simplement, de Kim J. Payne et Lisa M. Ross.